21 décembre 2021

Au revoir, MetOp-A

Après 15 années fructueuses de fonctionnement dans l’espace, le satellite météorologique MetOp-A a été mis hors service et avec lui le Corner Cube Mechanism (CCM) du CSEM – un instrument à bord de l’IASI, le sondeur atmosphérique infrarouge du programme MetOp. Au sein de MetOp, le mécanisme du CSEM, basé sur des articulations flexibles et donc exempt de tout frottement, a effectué 1,2 milliard de cycle au cours de sa vie opérationnelle. La même technologie est désormais promise à une nouvelle génération de satellites.

Satellite flying over the earth

Quelle tristesse de devoir dire au revoir à un vieil ami. Au cours des derniers mois, MetOp-A, le premier d'une série de satellites météorologiques développés pour surveiller le climat et améliorer les prévisions météo, a été mis hors service. Lancé avec succès en 2006, ce satellite s'est doté de toute une série de technologies suisses, dont un mécanisme bien particulier mis au point par le CSEM : le Corner Cube Mechanism (CCM).

MetOp-A

Ce n'est pas une première pour le CSEM que de développer un instrument de précision qui puisse résister à l'environnement hostile de l'espace  par contre, il n'est pas fréquent de voir un tel projet se concrétiser en quelques décennies.

Voici donc un bref aperçu de la contribution du centre à la communauté spatiale:

  • Le 19 octobre 2006, le premier satellite météorologique MetOp-A est lancé depuis la base de Baïkonour. La mission MetOp est menée conjointement par l'Agence spatiale européenne (ESA) et l’Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques (EUMETSAT), elle a pour objectif la mise en service d’une constellation de trois satellites météorologies en orbite polaire héliosynchrone. MetOp-A est le premier des trois à survoler en permanence un point donné de la surface terrestre à la même heure solaire durant sa trajectoire autour de la Terre.
  • Parmi les instruments à bord, il y a l'interféromètre atmosphérique de sondage dans l'infrarouge (IASI) construit par Thales Alenia Space pour le compte du Centre national d'études spatiales (CNES). IASI a été conçu pour répondre aux besoins de la météorologie opérationnelle, à savoir fournir aux scientifiques des données précises sur les températures de la surface et de l’air et sur la composition de l’atmosphère.
  • Le dispositif capital pour la précision de mesure de l'IASI est le système optomécanique de lignes à retard (compensation des différences de chemin optique), le bien nommé "Corner Cube Mechanism" dont la technologie est basée sur l’utilisation d’articulations flexibles.
  • Grâce au savoir-faire éprouvé du CSEM en matière d'éléments flexibles, le CCM est conçu pour une durée de vie quasi-infinie car exempt de tout frottement. Ce qui a permis à ce mécanisme de fonctionner avec succès pendant 15 ans.
  • Depuis sa mise en service, l'instrument de pointe IASI a fourni aux climatologues et météorologues un outil de télédétection performant pour enregistrer le rayonnement infrarouge émis par la surface de la Terre. Il a permis de réaliser 45 milliards d'observations au cours de sa vie qui ont fait l’objet d’une publication dans la revue "Nature climate and atmospheric science". Cette étude a permis de visualiser pour la première fois les empreintes des gaz à effet de serre dans l'atmosphère : des informations essentielles pour évaluer les actions de lutte contre le réchauffement.
  • Bien que MetOp-A ait rendu son tablier, les deux autres satellites de la constellation, MetOp-B et MetOp-C, sont toujours en service actif autour de la planète pour une durée prévue jusqu'en 2033.
  • Suite au succès du programme MetOp, Eumetsat est dans les starting blocks pour sa prochaine mission: la troisième génération de satellites météorologiques, désignés par MTG (Meteosat Third Generation). Le satellite MTG-S1, dont le lancement est prévu pour fin 2023, sera lui aussi équipé de la technologie CCM du CSEM.

"Quelle satisfaction que de voir à quel point l'instrument IASI est devenu un outil et une référence incontournables pour tant de météorologues et climatologues du monde entier. Et savoir que nous avons contribué à ce succès en fournissant une technologie essentielle, performante et fiable, est extrêmement gratifiant", se réjouit Peter Spanoudakis, en charge de ce projet.