Les néophytes : un défi pour la nature et les infrastructures
Les plantes invasives « allotchones » (néophytes) constituent un défi majeur pour l’humanité et l’environnement, mais aussi pour les infrastructures. La sensibilisation de la population et des acteurs concernés a fortement progressé ces dernières années. Récemment, la problématique est revenue au centre de l’attention médiatique avec l’annonce par la Confédération d’interdire au 1er septembre de cette année la vente de plantes de jardin appréciées telles que le palmier de Chine ou le laurier-cerise. Il existe certaines espèces invasives moins connues, telles que la renouée du Japon, qui peut évincer les plantes autochtones, ou le séneçon du Cap toxique. Par ailleurs, les plantes invasives « allotchones » entraînent des préjudices économiques pour l’agriculture. Dans le cas d'installations d'infrastructure (p. ex. voies ferrées, signaux), cela peut entraîner un envahissement, une détérioration de l'ouvrage ou une perte de visibilité. La détection des plantes invasives et la lutte contre celles-ci constituent une lourde tâche. La clé réside dans des programmes de surveillance efficaces.
La détection aérienne : une approche essentielle
Un consortium de recherche regroupant le CSEM, l’Université de Zurich, la Haute école zurichoise de sciences appliquées ZHAW, ainsi que les CFF et ExoLabs GmbH en tant que partenaires chargés de la mise en œuvre, vont aborder le problème sous un nouvel angle avec le soutien d’Innosuisse. Jusqu’à présent, les néophytes ont été cartographiées principalement à travers des inspections sur site fastidieuses et coûteuses. Leur détection sera, à l’avenir, réalisée par voie aérienne (par exemple au moyen de drones) sur de grandes étendues et pour différentes espèces de plantes. Cette démarche sera rendue possible par de nouvelles approches de détection des plantes utilisant l’intelligence artificielle (IA). Celle-ci est déjà en mesure d’identifier certaines espèces végétales ou animales sur des images haute résolution. Mais il s'agit ici de prises de vue aériennes à grande altitude, sur lesquelles les petites néophytes ont une taille de seulement quelques pixels et sont donc difficiles à distinguer des plantes autochtones. Des spécialistes de l’écologie végétale, des données et des capteurs travaillent ensemble sur ce projet. Ils souhaitent, à travers le radar à néophytes, proposer une solution économique et robuste au problème urgent de la prolifération des plantes invasives.
Feu vert pour de nouvelles possibilités
Une détection à grande échelle systématique et économique des hôtes indésirables constitue le cœur de l’approche : dans un premier temps pour comprendre leur prolifération, puis pour engager une lutte efficace à travers des mesures ciblées. Cette démarche ouvre aussi la voie à de nouvelles approches et à de nouveaux modèles économiques pour les prestataires privés et les acteurs publics, en Suisse mais aussi à l’échelle internationale, car les plantes invasives « autochtones » ne connaissent pas les frontières.