Depuis la naissance du premier bébé issu d’une fécondation in vitro en 1978, plus de 9 millions de bébés ont été conçus grâce à des techniques d'assistance médicale à la procréation (AMP) telles que la FIV (fécondation in vitro). Toutefois, le parcours menant à une grossesse peut être difficile. Il s’étale souvent sur plusieurs cycles (8 et plus) et donc sur une période de plusieurs mois. Actuellement, un couple sur six connaît des difficultés de procréation. Les femmes entre 20 et 44 ans sont particulièrement touchées et 8 à 12 % d’entre elles rencontrent des problèmes de fertilité. Alors que les taux d’infertilité augmentent et face à des traitements de FIV coûteux et invasifs, CERES apparaît comme une solution plus accessible.
Une révolution dans la surveillance hormonale en temps réel
Dans un domaine de santé aux enjeux élevés, il est crucial de bien choisir le moment de l’intervention. Les médecins sont mobilisés en permanence et surveillent minutieusement le moment optimal pour agir. Les femmes qui ont recours à l’AMP doivent donc se rendre jusqu’à deux à trois fois par semaine à l’hôpital ou à la clinique pour des tests sanguins vitaux. Quoique cruciaux, ces tests fournissent uniquement un instantané fugace de l’état d’une patiente et non une vue d’ensemble de celui-ci au fil du temps. Les alternatives actuelles de surveillance hormonale au moyen d’analyses d’urine, de salive et de transpiration, ne sont pas suffisamment précises et rapides. Elles ne permettent pas la prise de décisions en temps réel et demeurent donc à la périphérie des pratiques cliniques. À ce stade, aucune autre méthode sur le marché ne permet la collecte de données propre à la spécificité et à la sélectivité des trois hormones déterminantes pour la FIV. Un flux de données plus complet et enrichi pourrait révolutionner l’approche des médecins pour identifier le moment opportun des interventions et leur dosage, et donc potentiellement changer la vie des patientes.
Avec CERES, Impli sort des sentiers battus. Le dispositif surveille le liquide interstitiel sous-cutané pendant 30 jours et utilise une technologie de détection électrochimique pour déterminer les taux d’hormones en temps réel. « Il s’agit d’un saut quantique par rapport au caractère invasif des prélèvements sanguins », déclare Anna Luisa Schaffgotsch, fondatrice et CEO d’Impli. « CERES fournit un flux de données avec une résolution inégalée jusqu'à présent et il est insensible aux variations susceptibles de fausser les relevés sanguins ou urinaires. Par ailleurs, son caractère implantable réduit au minimum les erreurs de l’utilisateur et offre un confort maximal à la patiente. Il change la donne en matière de précision de mesure des taux d’hormones. »
Les premiers prototypes ont été fabriqués par le consortium formé par Impli et Yalosys. Les essais en laboratoire ont été positifs. Luigi Calabrese, cofondateur et CEO de Yalosys, précise : « Notre objectif est de poursuivre le développement actuel en miniaturisant les dispositifs en prévision des tests cliniques. Cela réduira l’invasivité et nous permettra d’atteindre le stade de la fabrication conforme aux normes ISO. »
La maîtrise du CSEM dans la miniaturisation et les sciences de la vie au service de CERES
La collaboration entre Impli, Yalosys et le CSEM vise à perfectionner CERES. Ce dispositif de précision illustre parfaitement l’exploit réalisé par le CSEM en matière de miniaturisation – un exploit rendu possible par son expertise de la chimie, de l’ingénierie des surfaces et de la micro-impression. Plus spécifiquement, la contribution du CSEM est triple : premièrement, il passe au crible, évalue et compare différents types de technologies de biodétection des hormones ; deuxièmement, le CSEM configurera un système compact pour reproduire l’environnement humain en vue des tests in vitro ; enfin, l’équipe Tools for Life Sciences procédera à l’optimisation et au transfert du processus.
Samantha Paoletti, Head of R&BD dans les technologies des sciences de la vie au CSEM, insiste sur l’expertise collective : « Notre partenariat est en passe de réaliser des avancées remarquables dans le cadre d’une initiative sur 21 mois subventionnée par Innosuisse. Notre objectif consiste à améliorer méticuleusement CERES, afin d’en faire un dispositif médical sophistiqué. En intégrant les dernières innovations technologiques, nous souhaitons améliorer la prise en charge et les résultats pour les patientes. Cette démarche illustre la synergie puissante entre la rigueur scientifique du CSEM et l’innovation dynamique des startups, et elle est sur le point de bouleverser le paysage de la médecine procréative. »
Des applications médicales étendues
Le véritable potentiel de ce dispositif de surveillance hormonale s’étend au-delà du marché de la FIV. Ce dispositif endocrinologique réglementé est prometteur pour différents groupes de patients, notamment les personnes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), les personnes alternant conception naturelle et médicalisée, ainsi que les femmes sujettes aux fausses couches ou en phase de périménopause.