5 octobre 2022

MATIS, start-up du CSEM, révolutionne l’authentification des œuvres d’art

Les erreurs d’interprétation et d’attribution ou encore la contrefaçon, avec ses scandales qui se chiffrent en millions, ne sont plus qu’un mauvais souvenir pour le marché de l’art : MATIS, une start-up créée au sein du CSEM, révolutionne l’identification des œuvres grâce à la Deep Tech et à l’IA, et facilite l’expertise des tableaux au quotidien.

MATIS camera unveils information hidden in the paintings
CSEM / Maële Othenin Girard

Investir sur le marché de l’art présente un intérêt esthétique et financier, mais n’est pas sans risques. Certes, les tableaux assurent un retour sur investissement élevé et le secteur est en pleine expansion. Or, même les collectionneur.euse.s et investisseur.euse.s les plus expérimenté.e.s se laissent piéger par des faussaires. Selon les estimations, 50 pour cent de toutes les œuvres d’art en circulation sont mal attribuées ou des contrefaçons.

L’exemple le plus connu est le « Salvator Mundi », une toile attribuée à Léonard de Vinci. En 2017, l’œuvre a été vendue 470 millions de dollars U.S. par la maison de vente aux enchères britannique Christie’s et est considéré comme le tableau le plus cher au monde. L’authenticité de cette œuvre attribuée à Léonard de Vinci fait à vrai dire débat. Selon certain.e.s expert.e.s, il s’agit du faux le plus cher de tous les temps. Ce cas montre plusieurs choses : le marché de l’art a besoin d’expertises fiables. L’analyse d’une toile suit rarement des règles scientifiques claires. Dans certains cas, des prestataires externes sont mandatés ajoutant des coûts de transport et d’assurance et un risque d’erreur d’interprétation. Pour les collectionneur.euse.s et investisseur.euse.s, une erreur d’authentification peut coûter des millions et nuire à leur réputation ainsi qu’à leur crédibilité. Et, les technologies dont dispose le marché pour évaluer les œuvres sont complexes, onéreuses et, bien souvent, inadaptées à une utilisation au quotidien par des experts non formé.e.s.

La start-up suisse MATIS, dont le nom est l’acronyme de Monitoring Art with Technology, Innovation and Science, a développé une solution brevetable innovante à ce problème. La technologie et la très longue expérience du CSEM – dans les domaines du traitement d’images, de l’IA, des algorithmes spécialisés pour la reconnaissance et la représentation des pigments, ou encore de la visualisation des dessins, a permis à MATIS d’aboutir à une solution de pointe associant l’optique et l’IA. Cette méthode scientifique abordable aide les spécialistes à expertiser les œuvres d’art au quotidien.

Caméra multispectrale de MATISCSEM / Antal Thoma

Grâce à une caméra multispectrale facile d’utilisation et à un algorithme de traitement d’images spécialisé, la solution de MATIS révèle des informations dissimulées dans les peintures. La caméra transmet ces informations au logiciel PIGMA, une interface spécialement conçue pour MATIS. En associant le traitement classique du signal et les techniques d’apprentissage automatique, PIGMA révèle des caractéristiques invisibles à l’œil nu, notamment des signatures effacées, une autre œuvre dissimulée sous l’œuvre apparente et des représentations de pigments, et aide les expert.e.s dans leur analyse. Toutes les informations sont cryptées et stockées dans une base de données sécurisée s’appuyant sur une blockchain, en vue de la future traçabilité, ainsi que des opérations d’investissement et d’assurance. Ainsi, cette méthode scientifique assure un relevé des « empreintes digitales et chimiques » inaltérables du tableau, pour une analyse, authentification et des transactions autrement plus sûres. MATIS réalise actuellement une première levée de fonds et la technologie aboutie doit être disponible sur le marché au quatrième trimestre 2023.

À l’heure actuelle, la technologie proposée par MATIS est sans équivalent et a une incidence directe sur le chiffre d’affaires global du marché de l’art. Elle propose aux expert.e.s du domaine une solution visant à simplifier significativement le processus d’authentification des œuvres. Cette technologie basée sur l’imagerie multispectrale et l’apprentissage automatique effectue un relevé des « empreintes digitales et chimiques » véritables des œuvres d’art. Elle établit alors une expertise quantifiable s’appuyant sur un cryptage de bout en bout et une base de données unique et sécurisée, ce qui ouvre au marché des perspectives immenses d’identification des faux.

« Cela représente un marché global de plus de 2,2 milliards de CHF par an. Depuis 3 ans, nous réalisons des analyses de marché et des prospections de clients, et nous avons développé un modèle adapté à notre clientèle », déclare Marie Didier, CEO de MATIS. « Nous envisageons un lancement sur le marché fin 2023 ».

Andrea Dunbar, Group Leader Edge AI & Vision au CSEM, a accompagné le projet et est convaincue par le produit développé : « Le projet MATIS constitue un nouvel exemple de développement réussi, trouvant aujourd'hui sa place sur le marché en tant que start-up. Nous mettons à profit notre longue expérience et notre savoir-faire, afin que les nouvelles idées prennent vie et deviennent, au final, des produits commercialisables. Les start-ups qui s’appuient sur les technologies du CSEM contribuent, dans une proportion croissante, à la vitalité économique de la Suisse. »

Communiqué de presse